Sunday, November 17, 2024

Rem at 80: The Architect of the Obscure & the Sublime

Rem at 80: The Architect of the Obscure & the Sublime

Rem Koolhaas, 1987
By Rob Bogaerts/National Archive
Today, we celebrate the 80th anniversary of Rem Koolhaas—a figure who, for decades, has not merely shaped architecture but fundamentally disrupted it. To call Koolhaas an architect feels reductive; he is a conjurer of spatial, intellectual, and existential provocations. His body of work, spanning theory, practice, and critical thought, continues to operate as an evolving cadavre exquis—a sequence of unexpected, often contradictory ideas assembled into a surreal yet precise whole.

In 2014, I penned a post entitled Rem’s Cadavre Exquis (1), reflecting on his Fundamentals exhibition at the Venice Biennale. There, I argued that Koolhaas masterfully staged the "obscenity of the exquisite corpse," offering not merely an anatomy of architecture but a dissection of its very soul. If Fundamentals represented an act of retrospection—almost a ritual autopsy of modernity—then Koolhaas’s oeuvre as a whole demands a different reading today.

At 80, Koolhaas is not a relic of modernism but a rebel against its stagnation. He embodies the paradox of being both an archivist and a futurist, a theorist and a builder, a provocateur and a preserver. His intellectual framework transcends the binary; it constructs narratives that are never linear, always layered, oscillating between the hyper-global and the hyper-local, between the sprawling metropolis and the single room.

In our correspondences, Koolhaas’s insights on urbanism, modernity, and the post-colonial condition have profoundly informed my ongoing work, particularly Algiers20xx. His reflections on cities—both their magnificence and their failures—offer a lens through which I have reimagined the complex, fragmented reality of Alger. From the unfinished "carcasses" that populate the city to the broader tensions between local identity and global forces, Koolhaas’s ideas resonate as intellectual scaffolding for my architectural and urbanistic critiques.

Koolhaas once said, “Architecture is a dangerous mixture of power and impotence.” (2) Perhaps no one has navigated that danger more boldly than he has. His "danger" is not simply aesthetic or functional but profoundly existential. He dares us to confront architecture as a mirror of our desires, our failures, and our contradictions.

As I reflect on my own intellectual journey—anchored by projects like Algiers20xx and my upcoming book—I am reminded of the catalytic role Koolhaas has played, both directly and indirectly.

To say there is a "before and after" Rem Koolhaas is an understatement. Rem is not merely a milestone in the history of architecture; he is its avant-garde, its critic, and, perhaps most profoundly, its conscience.

Happy 80th, Rem. The cadavre exquis lives on, and we are all its members.

Nacym Baghli
Architect
Algiers, 20xx

(1) Rem's Cadavre Exquis
(2) Rem Koolhaas, S,M,L,XL, The Monacelli Press, 1995.


Rem à 80 ans : L'architecte de l'obscur & du sublime

De Rotterdam / OMA
© Michel van de Kar
Aujourd'hui, nous célébrons les 80 ans de Rem Koolhaas—une figure qui, depuis des décennies, n'a pas seulement façonné l'architecture, mais l'a fondamentalement bouleversée. Qualifier Koolhaas d’architecte serait réducteur : il est un démiurge des provocations spatiales, intellectuelles et existentielles. Son œuvre, entre théorie, pratique et pensée critique, continue d'agir comme un cadavre exquis en perpétuelle évolution—une séquence d’idées inattendues et souvent contradictoires, assemblées en un tout surréaliste mais précis.

En 2014, j’avais écrit un article intitulé Rem’s Cadavre Exquis (1), revenant sur son exposition Fundamentals à la Biennale de Venise. J’y soutenais que Koolhaas avait magistralement orchestré « l’obscénité du cadavre exquis », offrant non seulement une anatomie de l’architecture, mais aussi une dissection de son âme. Si Fundamentals représentait un acte de rétrospection—une sorte d’autopsie rituelle de la modernité—alors l’œuvre de Koolhaas dans son ensemble exige aujourd'hui une lecture différente.

À 80 ans, Koolhaas n’est pas une relique du modernisme, mais un rebelle face à sa stagnation. Il incarne le paradoxe d’être à la fois archiviste et futuriste, théoricien et bâtisseur, provocateur et conservateur. Son cadre intellectuel transcende les oppositions binaires : il construit des récits jamais linéaires, toujours stratifiés, oscillant entre le global et le local, entre la métropole tentaculaire et la pièce unique.

Dans nos correspondances, les réflexions de Koolhaas sur l’urbanisme, la modernité et la condition postcoloniale ont profondément nourri mon travail, en particulier Algiers20xx. Ses analyses des villes—tant dans leur splendeur que dans leurs échecs—m’offrent une grille de lecture pour réimaginer la réalité complexe et fragmentée d’Alger. Des "carcasses" inachevées qui peuplent la ville aux tensions plus larges entre identité locale et forces globales, les idées de Koolhaas résonnent comme une ossature intellectuelle de mes critiques architecturales et urbanistiques.

Koolhaas a dit un jour : « L’architecture est un mélange dangereux de pouvoir et d'impuissance. » (2) Peut-être personne n’a-t-il navigué ce danger avec plus d’audace que lui. Ce « danger » n’est pas simplement esthétique ou fonctionnel, il est profondément existentiel. Il nous pousse à considérer l’architecture comme un miroir de nos désirs, de nos échecs et de nos contradictions.

En réfléchissant à mon propre parcours intellectuel—porté par des projets comme Algiers20xx ou mon livre à venir—je me rappelle du rôle catalyseur qu’a joué Koolhaas, directement ou indirectement.

Dire qu’il y a un « avant et un après » Rem Koolhaas serait un euphémisme. Rem n’est pas seulement une étape dans l’histoire de l’architecture : il en est l’avant-garde, le critique, et peut-être, plus profondément encore, la conscience.

Joyeux 80 ans, Rem. Le cadavre exquis vit toujours, et nous en sommes tous les membres.

Nacym Baghli
Architecte
Alger, 20xx

(2) Rem Koolhaas, S,M,L,XL, The Monacelli Press, 1995.